Et quelle longue histoire que celle du vin à l’origine du Cognac ! Elle commence bien avant notre ère chrétienne mais …débutons simplement au 1er siècle !
A cette époque, la production viticole de la Gaule commence à concurrencer les vins italiens, et l’empereur romain Domitien fait interdire la plantation de vignes et ordonne l’arrachage de 50 % du vignoble méditerranéen. Cette interdiction ne sera levée qu’au 3 ème siècle, par l’empereur romain Probus qui redonnera aux Gaulois la possibilité de cultiver la vigne et de faire du vin ; c’est un grand privilège.
Sautons par-dessus les siècles pendant lesquels les vignobles bordelais, languedocien et rhodanien s’épanouissent et la vigne atteint même la région parisienne, qui restera longtemps l’une des plus grandes régions viticoles françaises.
Les Gallo-Romains en développant la culture viticole, améliorent les procédés de vinification et connaissent déjà la technique du vieillissement du vin en fûts de chêne. Le déclin de l’Empire Romain au 5ème siècle ne porte pas un coup fatal au développement de l’agriculture gauloise car l’Eglise maintient dans ses diocèses la culture de la vigne et du vin, et répand sa commercialisation. Le vignoble s’étend alors régulièrement partout en Europe, aidé en cela par l’extension des ordres monastiques.
Le christianisme concourt au renforcement de la valeur attachée au vin, prenant la relève d’un Empire romain anéanti. La communion sous les deux espèces du pain et du vin pratiquée jusqu’au 13ème siècle est l’un des moteurs du maintien de la tradition viticole. L’expansion de la civilisation chrétienne est à l’origine de l’expansion de la viticulture dans le monde.
Les véritables dépositaires de la qualité du vin sont les moines qui perpétuent la tradition vinicole. Sous couvert de l’activité du vin de messe ils gèrent de nombreux vignobles monastiques de qualité dont certains existent encore aujourd’hui.
À la fin du 10éme siècle la seule région viticole à ne pas être sous influence de l’Église, est la région bordelaise qui commence à se développer et prend un grand essor à la fin du 12éme siècle.
Pendant toute la période du Moyen Âge, la France est le premier exportateur de vin. Le commerce maritime du vin acquiert une importance économique considérable sur la façade occidentale de l’Europe. Les régions d’Aunis et de Saintonge font parvenir leurs vins principalement en Flandre et vers les pays d’Europe du Nord ; les vins du Poitou, de La Rochelle et de l’Angoumois font le bonheur des Anglais, des Hollandais et des Scandinaves, Dès le 13ème siècle les vignobles d’Aunis et de Saintonge produisent de telles quantités de vin qu’il devient difficile de les écouler d’autant plus que ces vins, d’un degré alcoolique peu élevé, souffrent de la longueur des voyages en mer.
A partir du 17ème siècle, les marchands hollandais utilisent ce vin pour alimenter leurs nouvelles distilleries. Ils le transforment en « vin brûlé », le brandwijn, à l’origine du mot « brandy ». Pensant recréer le vin initial, les hollandais boivent ce breuvage allongé d’eau.
Les premiers alambics installés en Charente par les Hollandais, sont progressivement modifiés ; les Français en maîtrisent et en améliorent la technique avec le procédé de la double distillation, inventé par le chevalier de la Croix Marron. On constate, à la suite de retards dans les chargements de bateaux, que l’eau-de-vie transportée en fûts de chêne (du Limousin) se bonifie avec le temps et qu’elle peut se consommer pure. La double distillation se développe et les eaux de vie conservées et bonifiées en fûts de chêne donnent naissance à une activité commerciale de renommée mondiale autour de la ville de Cognac qui donne son nom à l’eau de vie.
Les habitudes de consommation changent et le Cognac se consomme le plus souvent pur. C’est une eau de vie recherchée pour ses qualités, qui est maintenant loin de son origine de succédané du vin !
Dès la fin du 17ème siècle, et surtout à partir du 18ème siècle, le marché s’organise et, pour répondre à la demande, des maisons de négoce se créent, les « Comptoirs », souvent d’origine anglo-saxonne. Certaines de ces maisons existent encore aujourd’hui.
Des relations commerciales régulières se nouent avec les acheteurs, en Hollande, en Angleterre, en Europe du Nord puis en Amérique et en Extrême-Orient.
Le 19ème siècle voit la naissance de nombreuses maisons de commerce –comme le COGNAC J. NORMANDIN-MERCIER fondé en 1872 – qui expédient le Cognac en fûts et en bouteilles ; de nouvelles industries se développent : verreries fabriques de caisses, d’emballages, de bouchons et également des imprimeries.
C’est l’époque où le vignoble s’étend sur près de 280 000 hectares.
Vers 1875 apparaît en Charente le phylloxéra. Quand on parle de phylloxéra on désigne aussi bien la maladie de la vigne que l’insecte ravageur à l’origine de la maladie !
Le nom de l’insecte, phylloxéra vastatrix, est un genre de puceron dévastateur de la vigne, dont le nom vient du grec « phyllon» – feuille – et « xeros » -sec- et du latin « vastatrix »- dévastateur.
Il va effectivement détruire la plus grande partie du vignoble, qui se réduit à 40 000 hectares en 1893. Les efforts seront rudes pour restaurer l’économie de la région. Ce drame va donner naissance en 1888 au Comité de Viticulture, bientôt transformé en Station Viticole en 1892.
Au 20ème siècle, le vignoble se reconstitue peu à peu grâce à des porte-greffes américains insensibles aux attaques du phylloxéra. Mais les cépages traditionnels comme le Colombard, ou la Folle Blanche…fragilisés par le greffage, sont peu à peu remplacés par l’Ugni Blanc, plus résistant, utilisé actuellement à plus de 90 % pour la production du Cognac.
La zone géographique de production des six crus (Grande Champagne, Petite Champagne, Borderies, Fins Bois, Bons Bois, Bois Ordinaires) donnant naissance au Cognac est délimitée le 1er mai 1909.
En 1936, le Cognac est reconnu comme Appellation d’Origine Contrôlée. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le bureau de répartition des vins et eaux-de-vie, est créé pour préserver le stock de Cognac. À la Libération, il est remplacé par le Bureau National Interprofessionnel du Cognac, auquel est rattachée la Station Viticole en 1948. Tous les stades de l’élaboration du Cognac sont désormais soumis à une réglementation stricte destinée à protéger le produit dont la notoriété s’affirme de plus en plus.
Actuellement, le Cognac est exporté dans plus de 150 pays au monde. Il est un élément de gain important pour l’export. Quelle que soit la façon de le consommer, il est, de l’Extrême-Orient au continent américain en passant par l’Europe, synonyme d’un produit de très grande qualité, symbole de la France et de son Art de Vivre.
Mais comme produit de luxe, son expansion reste liée au contexte politico-économique du monde et le Cognac connaît des périodes de crise, suivies de périodes d’euphorie très difficiles à maîtriser. Les efforts des professionnels doivent rester à la hauteur des qualités de cette incomparable et merveilleuse Eau de Vie.